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Plus grande ville d’Albanie, Tirana héberge près d’un tiers de la population du pays, soit 1 millions de personnes. Nichée au cœur du pays, rien ne la prédestinait à en devenir la capitale en 1920. L’Albanie est un pays encore très peu touristique et trop méconnu. Intégrer cette destination dans mon road trip m’a permis une visite riche en découvertes inédites.

Comment s'y rendre ?

A 11 km de la ville vous trouverez l’aéroport international de Tirana. Vous pouvez joindre la capitale albanaise depuis toute l’Europe. 

Autre moyen de transport pas cher et pratique si vous êtes dans un pays voisin en road trip : le bus. Les gares routières sont très développées dans les Balkans. Il est très facile de se déplacer en bus d’un pays à l’autre. 

Quel budget ?

La monnaie de l’Albanie est le Lek. Grosso modo, 1 € équivaut à 125 ALL. Le niveau de vie est beaucoup moins chez qu’en France. Pour vous donner un exemple, en moyenne un repas au restaurant vous coûtera 600 ALL, soit un peu moins de 5 €. Et pour une bière vous vous en sortirez pour 150 ALL soit 1,20 €. 

Ancienne communiste mais pas que...

Je ne vais pas vous faire un cours sur l’histoire de l’Albanie depuis le Néolithique, mais il est très intéressant de connaître l’histoire du pays pour comprendre sa culture. Commençons avec le héros national du pays : Skanderbeg ! Le XVe siècle est un peu le « siècle turc ». Les Ottomans ont investi l’espace balkanique. La force des Ottomans résidait dans leur façon de gérer les territoires occupés. Tout était confié à des étrangers (des locaux), et Skanderbeg en est un exemple. 

Né il y a cinq siècles, il est le héros national des Albanais qui voient en lui le résistant à l’oppression étrangère, plus précisément turque. Fils d’un seigneur albanais, il est donné comme otage aux Ottomans afin de s’assurer de leur fidélité. Converti à l’Islam, il est formé à l’art de la guerre. Ses faits d’armes lui valent son surnom (il s’appelait  Gjergj Kastriot et son surnom Skanderbeg veut dire bras de fer). Skanderbeg retourne en Albanie où il repousse les Turcs qu’il combat jusqu’à sa mort en 1468. Malgré sa disparition, la guérilla se poursuit quelques années mais ce sont les turcs qui gagnent la partie. 

En 1912, face à l’agonie de l’Empire Ottoman, la Serbie, la Grèce, le Monténégro et la Bulgarie concluent une alliance militaire, la ligue balkanique, afin de faire reculer l’Empire Ottoman avec l’appui de la Russie. Le 8 octobre 1912, la Première Guerre balkanique est déclarée à l’Empire. L’Albanie proclame son indépendance le 28 novembre 1912. Mais la question des frontières est délicates, tous ses voisins revendiquent une partie de son territoire. C’est en 1919 que son indépendance est officiellement reconnue à l’international ! Peu de temps après (1920) Tirana devient la capitale du pays. C’est en grande partie grâce à sa situation géographique au centre du pays et à sa topographie facile à défendre en cas d’attaque (elle est entourée de montagnes). Elle remplace donc Shkodër qui se situe au nord du pays près de la frontière Monténégrine. 

Nous arrivons à la partie la plus connue de l’histoire de l’Albanie : le communisme ! On peut prendre comme point de départ 1939, quand Mussolini arrive en Albanie et occupe le pays. C’est les mouvements de résistance communiste qui libèrent le pays, ce qui les rend assez populaire dans le pays. Membre du parti communiste, Enver Hoxha arrive au pouvoir en 1945 et y restera jusqu’à sa mort en 1985. On peut dire que ce dictateur communiste était plus stalinien que Staline lui-même. Il refuse d’annexer son pays à la Yougoslavie de Tito. En 1960 il décide de s’aligner sur la république populaire de Chine plutôt que l’URSS, plus assez stalinienne à son goût. Il fait le même coup à la Chine dans les années 80 et l’Albanie se retrouve donc en totale autarcie jusqu’à la chute du communisme en 1991.

De la couleur plein les façades

Oui je sais, cet immeuble saute aux yeux (c’est le ministère de l’agriculture) ! Edi Rama, ancien maire de Tirana (de 2000 à 2011) puis premier ministre de l’Albanie depuis 2013, est à la fois un homme politique, un artiste (et un ancien basketteur). Il a entrepris en tant que maire de rénover l’espace urbain. Les bâtiments de la ville ont été repeins en couleur vive et les rives de la rivière Lana sont aménagées afin d’amener de la gaieté et le sourire aux gens. Il a été accusé de pratiquer une politique de « poudre aux yeux », après il faut savoir qu’à l’époque Tirana n’avait aucun plan d’urbanisme. Bon il a quand même été élu meilleur maire du monde en 2004. En tant que touriste, j’ai trouvé l’idée sympa, d’autant que ces couleurs reflètent le dynamisme ambiant de Tirana et cassent le côté austère des bâtiments soviétiques. 

J’ai trouvé un article qui montre bien l’évolution du paysage urbain de Tirana. Clic ici pour voir un aperçu avant/après. 

Le nouveau Old Bazaar

Dans les balkans vous trouverez dans chaque grande ville un Old Bazaar. Un Bazar est une zone de commerce. Ce terme est hérité de l’occupation Ottomane qui dura près de 5 siècles en Albanie ! A l’origine le Bazar de Tirana était surtout agricole. La croissance de la vient en grande partie de la croissance de son marché, les marchands et artisans qui  venaient tous les jours finirent par construire leur entrepôt sur place afin d’y laisser leur matériel et leurs marchandises, et certains ont fini par s’installer dans la ville. 

L’aspect du Pazar i Ri (c’est le nom du bazar de Tirana) tel qu’il était jusqu’en 2016 dataient de 1930. Des travaux de rénovations ont eu lieu et le nouveau bazar de Tirana a été inauguré en mars 2017. Les infrastructures du Old Bazaar commençaient à être quelque peu vétuste. De nombreux éléments historiques ont été préservé dans cette reconstruction, notamment ses façades uniques dans le style architectural italien. Le nouveau Pazar i Ri respecte la tradition tout en abritant des bâtiments colorés dans un esprit plus contemporain. 

C’est un très bel endroit pour s’imprégner de la culture locale, se balader au milieu des étals de fruits, légumes, poissons et viandes, et de découvrir des artisans locaux. Ma partie préférée d’une visite du marché reste quand même la bouffe. Il y a tout autour du marché couvert des restaurants où déguster de très bons produits frais pour pas cher. 

Une pyramide absolument pas Egyptienne

Je vous présente la pyramide de Tirana. Je vous l’accorde, elle n’est pas vraiment jolie. Inaugurée en 1988 pour célébrer la mémoire d’Enver Hoxha (le fameux dictateur de l’Albanie de 1945 à 1985) elle est actuellement à l’abandon. 

Un projet est en cours pour lui donner une nouvelle vie (et un peu de couleur) et en faire un centre pour la jeunesse. En attendant, si vous avez l’âme d’un alpiniste urbain, vous pouvez vous lancer dans l’ascension de cette pyramide. Je ne m’y suis personnellement pas risqué, mais j’ai pu voir beaucoup de jeunes se rendre au sommet pour boire un coup avant de redescendre parfois avec de grandes difficultés ! 

Les bunkers

En visitant l’Albanie vous risquez de tomber sur de nombreux bunkers. Construits dans les années 1950 ils étaient censé protéger le pays d’invasions extérieures (notamment d’une attaque des Etats-Unis et de l’URSS. Environ 700 000 bunkers sont construits jusque dans les années 1980. Autant vous dire que l’Albanie ne sait pas trop quoi faire de tous ces bunkers. 

Il y en a deux qui ont pourtant trouvé leur utilité ! Le Bunk’Art 1 et le Bunk’Art 2 (oui on a trouvé plus original comme nom). Ce sont donc d’anciens bunkers transformés en musée sur l’histoire et la vie sous la dictature communiste. La visite se fait entièrement sous terre dans ces bunkers réservés à l’élite politique albanaise. Je n’ai pour ma part pas aperçu le Bunk’Art 1 qui se trouve en dehors de la ville, mais sur la photo ci-dessus vous pouvez apercevoir l’entrée du Bunk’Art 2. Cette entrée est un « faux » bunker en béton, l’entrée d’origine était dans le bâtiment du ministère de l’intérieur. Le musée, installé dans l’abri anti-aérien du ministère, à ouvert ses portes en 2017. 

Pour 300 Lek (ça fait 4 €) vous pourrez parcourir l’histoire de l’Albanie de 1912 à 1990. L’accent est mis sur les conditions de vie très difficiles des habitants, l’espionnage (un tiers des habitants étaient des espions du régime). On ne retrouve que très peu d’informations sur la propagande de l’époque et l’idéologie communiste.

Le block (Blloku)

Cette partie de Tirana était interdite à la population pendant la période communiste. Le Quartier du Blloku était la zone de résidence des hauts dignitaires du Parti. On peut d’ailleurs voir la maison (ou plutôt villa) rue Ismail Qemali d’Enver Hoxha. Petite ironie, un KFC s’est installé juste en face du dictateur communiste le plus stalinien du monde !

Ce quartier est maintenant devenu le plus branché de la ville. C’est le lieu de rassemlement des jeunes pour sortir boire un coup. On y trouve des tas de bars à l’ambiance très travaillée, de cafés, de restaurants et c’est également le lieu où faire son shopping. 

Voici une petite liste de bars et restaurants testé et approuvé :

La place Skanderbeg

Cette nouvelle place a été inaugurée en juin 2017. Elle est le résultat d’un concours organisé par la mairie de Tirana en 2003 visant à donner une vision européenne de la capitale. Elle porte le nom du héros national du pays dont je vous ai déjà parlé plus tôt ! Skanderbeg (c’est lui qui est à cheval sur la statue).   

Pour ce projet, la mairie a voulu mettre à l’honneur toute l’Albanie et pas seulement Tirana. Vous noterez que les dalles au sol sont de couleurs différentes, elles viennent toutes d’une région différente de l’Albanie, afin de faire de cette place un lieu de regroupement. Autre particularité de cette place, elle est légèrement surélevée en son centre. L’été il peut faire la même température sur cette place que dans le désert de Gobi, du coup de nombreuses arrivées d’eau permettent de garder la place mouillée pour rafraîchir les passants. 

Ce que j’ai apprécié à propos de cette place, c’est la bulle d’oxygène qu’elle offre dans Tirana. Car la ville est quand même pas mal polluée par les gaz d’échappement des voitures. Et elle est également au centre de beaucoup d’attractions touristiques de la ville comme la Mosquée Et’hem Bey, la tour de l’horloge, le Musée d’Histoire Nationale, le Palais de la Culture et bien d’autres. 

L'arrivée des voitures

Attention accrochez-vous, quand j’ai appris ce fait historique j’en suis restée bouche bée ! Les Albanais ont pu posséder des voitures à partie de 1991. Oui oui, il y a 27 ans ! Mais pourquoi si tard ? Vous devez sans doute savoir que l’Albanie était communiste. En 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale, Enver Hoxha dirige alors la République Populaire d’Albanie (mais ça on en a déjà parlé tout à l’heure). Ce gars a mené la dictature considérée comme l’une des plus répressive en Europe. 

Enver Hoxha a décidé dans les années 80 d’adopter une politique d’auto-suffisance économique après avoir perdu le soutient de l’URSS et de la Chine. Ce qui fait qu’aucune marchandise n’entre ou ne sort du territoire. Cette répression a donc privé les Albanais de voitures, ils se déplaçaient en bus, train voir charrette dans les campagnes. Seul Enver et quelques uns de ses confrères possédaient un véhicule motorisé. Bien que la répression diminue peu à peu en 1985 à la mort d’Enver, c’est lors de la chute du communisme en 1991 que les Albanais peuvent enfin prendre le volant (parfois sans permis de conduire, tout le monde n’étais pas vraiment au courant qu’il fallait le passer) !

Et petite anecdote tout aussi choquante que ce que je viens de vous apprendre. Avant 1991 les albanais ne connaissaient ni les bananes, ni le coca et ni Elvis Presley (eh oui ils étaient en autarcie totale).

La mosquée Et’hem Bey

La Mosquée Et’hem Bey ou Xhamia e Et’hem Beut est l’un des monuments les plus emblématiques et plus ancien de Tirana. Il faut savoir qu’elle nous vient de loin ! La dictateur Enver Hoxha a proclamé l’Albanie « premier État athée du monde » en 1967 et a entrepris de détruire les lieux de cultes (en plus d’interdire toute pratique culturelle et religieuse). La mosquée survécu à la destruction grâce à son statut de monument culturel. 

Sa construction a commencé en 1734 et s’est terminée en 1821 sous la direction du père (Mollah Bey) puis du fils (Et’hem Bey, eh oui le même nom que la mosquée). Elle est presque entièrement recouverte de fines peintures représentant la nature, ce qui est rare dans l’art islamique. Elle est considérée comme la plus belle du pays et est classée Site du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1948. Je n’ai pas eu la chance de pouvoir visiter l’intérieur, la mosquée étant en cours de rénovation lors de ma visite, mais je pense que c’est un incontournable de Tirana. 

Je me suis par contre aventurée dans la tour de l’horloge qui se situe juste à côté de la mosquée. Elle a elle aussi été construite par Et’hem Bey en 1821-22. D’une hauteur totale de 35 mètres, elle offre une très belle vue sur la ville, vous pouvez monter au sommet pour 100 Lek (0,80 €).

Une avenue musicale

La première fois que je me suis aventurée dans la rue piétonne Murat Toptani je me suis demandé pourquoi il y avait autant de poubelles accrochées aux bancs. J’ai su le lendemain lors de ma visite de la ville avec le free walking tour de quoi il s’agissait ! En fait cette rue représente une portée de musique avec ses notes. Si vous regardez la forme des bancs sur cette photo vous pourrez identifier des croches. Bon par contre les albanais n’ont pas été jusqu’au bout de ce concept assez sympa, les notes ne représentent aucune mélodie. 

Dans cette rue vous trouverez également la forteresse de Justinien, plus connue sous le nom de château de Tirana. Si vous êtes fan inconditionnel des châteaux vous risquez d’être déçu. Certes, il reste un vestige de l’époque byzantine qui remonte à l’an 1300, mais il ne reste maintenant qu’un petit bout de fortification et la place a été investie par des restaurants et des hôtels. 

Road Trip Albanie, Macédoine & Bulgarie

Il y a 3 ans, je partais à la découverte d’une grande partie de l’ex-Yougoslavie. J’ai eu envie de repartir visiter ce qui est connu en France comme l’ancien bloc communiste afin de découvrir l’histoire et la culture de ces pays... Lire la suite